Lost in Kiev, formé en 2007 est un groupe de post-rock instrumental, aux influences allant initialement de Red Sparowes à Radiohead, en passant par Explosions in the Sky. Trois ans plus tard, le line-up subit un profond bouleversement : Après le départ des deux premiers guitaristes, deux autres rejoignent la tribu, ainsi qu’un cinquième membre aux machines, ajoutant ainsi de nouvelles influences musicales aux compositions plus récentes (Cult of Luna, Amen Ra, Daïtro…).
C’est à partir de là que le groupe a commencé à se faire connaître, notamment en jouant auprès de têtes d’affiches telles que Rosetta, Maybeshewill ou Listener, dont la réputation n’est plus à faire. Suite à cela, Lost in Kiev enregistrera son premier album : Motions.
Motions est un savant mélange de post-rock et de post-metal, agrémenté de samples de voix, composé de 7 morceaux. Contrairement à ce que l’on attend habituellement du post-rock, ici, pas de longues plages mélancoliques avant de déguster une montée en puissante plus ou moins rapide.
Lost in Kiev ne fait pas dans le sentimentalisme, et va directement à l’essentiel, avec des riffs énergiques et efficaces. Mais ce n’est pas pour autant que le groupe ne fait pas dans la dentelle. Même si l’ascension est rapide, les brèves introductions de morceaux de quelques dizaines de secondes, agrémentées de samples de voix mettent rapidement l’auditeur dans l’ambiance, le préparant à l’arrivée imminente du point culminant (Under Close Surveillance, The Day I Ruined my Life).
D’autres morceaux, tels que Hope, Fight and Disillusion ou They’re Coming, plus doux, prennent tout leur temps, permettant ainsi à l’auditeur de souffler, cassant ce rythme effréné. C’est de cette manière que se démarque le groupe, en jouant sur l’imprévisible et grâce à l’éventail complexe d’émotions transmises au sein d’un même morceau.
La dynamique de cet album n’est pas sans rappeler Russian Circles ou ISIS. Les influences post-rock telles qu’Explosions in the Sky auront tendance à se faire sentir notamment lorsque la musique prend de la hauteur.
Les samples de voix sont un bon compromis pour mettre d’accord les adeptes du post-rock avec chant, et ceux du post-rock instrumental.
Pour l’anecdote, les voix entendues tout au long de l’album sont celles des proches des membres du groupe (on remarque aussi une brève apparition d’Olivier de Donkey Punch), racontant, je cite : »les déceptions qui poussent à fuir un endroit, la confusion qui précède une telle décision, la liberté du changement ». Tout ce que nous inspire Motions, en soit.
Lorsque l’on écoute un album à l’atmosphère si particulière, on a tendance à rapidement se demander : «oui, mais en live ?»
Du 25 au 29 juin 2014, Lost in Kiev a tourné en France, mais aussi en Belgique et en Allemagne en compagnie de Zero Absolu (avec qui le groupe a réalisé un split en avril 2013).
C’est dans le cadre de cette tournée que j’ai eu l’occasion de les voir, à l’Espace B, un petit bar parisien. Ambiance à la fois très intimiste et bon enfant. Dès les premiers accords, le groupe nous transporte dans son univers si particulier. L’ambiance est soutenue par des projections (de mauvaise qualité à cause du matériel de l’Espace B, malheureusement), qui partagent le spectateur entre l’envie de rester le regard rivé sur le fond de la scène, et l’envie de fermer les yeux et de s’abandonner entièrement à la musique.
Globalement, un jeu très calé, des musiciens qui communiquent volontiers et avec humour avec le public. Le petit bonus : deux nouveaux morceaux, qui figureront sur le prochain opus.
Affaire à suivre, donc.
Tenta